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La fin d'un cycle : de l'art algérien à la création binationale

Ces dernières semaines, nous avons partagé avec vous l'histoire de quelques artistes choisis, qui représentaient tous un aspect des liens entre art et guerre d'Algérie. Bien d'autres mériteraient notre attention, mais c'est promis, nous vous en reparlerons !


Vous l'aurez compris, la guerre n'a fait que cristalliser puis éclater une situation peu appréciable pour cette scène artistique : marqué par les colonies et le pouvoir, l'art algérien avait tout simplement été modifié et réorienté, sans égards pour son histoire et ses ambitions propres. Le vécu difficile des années qui ont précédé l'indépendance a finalement permis aux artistes de s'émanciper de cette main-mise, et de se réapproprier le potentiel créatif de leur pays. Cependant, on ne peut pas parler d'un art algérien au singulier, mais bien de multiples pans artistiques. Chaque artiste a fait son parcours, empli de sensibilités uniques mais aussi de choix. De l'abstraction, à la figuration ou à un art plus traditionnel, la vie artistique algérienne a pu respirer de nouveau et s'éloigner d'une histoire de l'art qu'on lui imposait.


Malheureusement, il est impossible d'évoquer l'histoire de l'art algérien sans rappeler que cette liberté de création n'a été que temporaire. Assez rapidement, la population algérienne a connu de nouveau des années difficiles, entraînant encore ses artistes dans la censure et l'obligation de fuir. Si nous ne nous étendrons pas ici sur ces années terribles, nous pouvons vous assurer qu'aujourd'hui la situation est heureusement toute autre ! A nouveau, beaucoup d'artistes ont été forcés à l'exil, et une scène créative franco-algérienne est née de ces décennies, s'ajoutant aux créations locales des pays.


On le sait, les rapports entre France et Algérie ont longtemps été complexes à cause du souvenir des colonies et du conflit, mais les deux pays n'en sont pas moins restés liés. Parmi ceux qui proposent des créations sur ce mélange de cultures, beaucoup d'artistes femmes se sont distinguées : on en profite donc pour vous parler d’œuvres féminines, jusque là absentes de ce cycle !



Zineb Sedira, Retelling Histories : My mother told me, 2003


Une des plus connues est Zineb Sedira, qui a proposé son film Retelling Histories : My mother told me dès 2003. Elle y interroge sa mère algérienne, en français, sur ses souvenirs de la guerre d'Algérie. Celle-ci répond en arabe, montrant là un dialogue entre les cultures, au sens propre. La vidéo est achetée en 2006 par le Centre Pompidou, puis exposée lors de plusieurs expositions. Tout allait bien jusqu'en 2010, où elle a été censurée pour des questions de traductions de mots sur des sujets qui sont encore difficiles, tels que la question des harki. Les choses ont ensuite été clarifiées : l'artiste n'accusait personne, mais cherchait surtout à soulever les questions de mémoire, et du mélange des cultures.


Zoulikha Bouabdellah, Dansons, 2003

La même année, Zoulikha Bouabdellah a produit une autre vidéo, intitulée simplement Dansons. Il s'agit à nouveau d'un mélange entre les cultures : on y voit l’artiste exécuter une danse du ventre, vêtue de tissus traditionnels algériens, aux couleurs du drapeau français. En fond sonore on entend la Marseillaise : elle détourne donc les symboles principaux des deux cultures, en les liant les uns aux autres. Quand Zineb Sedira questionne le souvenir commun de la guerre, c'est la situation actuelle et le mélange des cultures lié au vécu commun qui intéresse Zoulikha Bouabdellah.


Finalement, ces artistes utilisent leur double nationalité pour proposer un point de vue et des réflexions différentes sur l'histoire commune des pays : peut-être l'art est-il le meilleur moyens d'apaiser les souvenirs du passé et de conforter le dialogue entre les cultures ? Nos réflexions sur les artistes algériens ont en tout cas prouvé que la création artistique est utile, et peut permettre à tout un chacun d'agir !



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