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Yoko Ono arrive à Lyon !

On connaît tous Yoko Ono (née en 1933 à Tokyo), la veuve de John Lennon, qui serait à l'origine de la séparation des Beatles. Mais connaissez-vous l’œuvre de cette artiste aux multiples facettes ?

Yoko Ono et John Lennon en 1969. Photographie ©Bettmann/Corbis

De l'art vidéo, à la musique expérimentale, la poésie ou encore la performance, on peut dire que Yoko Ono est une artiste qui touche à tout. C'est sur l'ensemble de son travail que va porter sa première rétrospective française, présentée au Musée d'Art Contemporain de Lyon du 9 mars au 10 juillet 2016. Et il y'a de quoi faire, car elle a commencé à créer en 1952, sans s'être arrêtée jusqu'à aujourd'hui !


John Lennon aimait la surnommer « l'artiste inconnue la plus célèbre du monde ». Et il ne se trompait pas en disant cela. Car aujourd'hui, Yoko Ono est mondialement connue du grand public, non seulement pour ses liens avec les Beatles, mais aussi comme symbole de la lutte pour la paix et le droit des femmes. Mais pour l'histoire de l'art, il s'agit d'une artiste essentielle dans l'avant-garde américaine des années 1960, notamment pour son rôle dans le mouvement Fluxus.


Fluxus, c'est un groupe créé en 1962 par Georges Maciunas avec des artistes d'origines variées. Ils se sont tous rencontrés dans le loft de Yoko Ono à Manhattan, par les concerts organisés par Ono et John Cage. C'est leur manière de voir l'art et leurs influences qui les relie : leur volonté est de se libérer des limites de l'art, pour créer une nouvelle subjectivité en prenant pour base les travaux de John Cage, Marcel Duchamp et Dada. Le manifeste de fluxus est clairement conçu comme un « outil destiné à tuer l'art »1 !

Manifeste Fluxus, George Maciunas, 1963. Photographie ©http://marieguillaumet.com


Les travaux de Yoko Ono sont donc intimement liés à ces principes. C'est chez elle qu'elle réalise ses premières performances, qui avaient lieu en deux temps. Elle créait des instructions, que n'importe qui pouvait décider de suivre et enregistrer (ou non). La particularité de ce mode d'expression c'est que les réalisations n'avaient généralement aucune forme matérielle ou sens apparent.

Yoko Ono, Painting for the wind, 1961. Copyright Inspirations.in

Yoko Ono, Painting for the wind, 1961. Photographie ©Inspirations.in

Traduction personnelle : "Peindre pour le vent ; faire un trou dans un sac rempli de graînes de n'importe quelle sorte et placer le sac où il y a du vent. Eté 1961"

Ces sortes de partitions rappellent d'ailleurs les « Events » créés par George Brecht, membre de Fluxus, dès 1961 ! Dans ces deux cas, l'artiste laisse toute la place à l'imaginaire, l'aléatoire, et l'interprétation : il n'est plus le seul opérateur de l'oeuvre, qui peut être recréée à volonté, sans jamais être figée.

Georges Brecht, Three Chair Events, 1961. © Brecht George, All rights reserved

George Brecht, Three Chair Events, 1961. ©George Brecht

Traduction personnelle (extraits) : "S'asseoir sur une chaise noire. Chaise jaune. Sur (ou à côté) d'une chaise blanche."


Peu après les débuts du groupe, auquel elle n'a pourtant jamais revendiqué d'appartenance, elle réalise une de ses plus célèbres performance : il s'agit de Cut Piece, réalisé en 1964. L'artiste s'assied seule, dans le lieu d'exposition, et demande à son public de la déshabiller en découpant ses vêtements avec une paire de ciseaux mise à disposition. L'enregistrement vidéo, et la participation du public, font pleinement partie de la performance. Encore une fois, tous peuvent participer à la création, qui se place dans l'instant, et doit son existence au geste du public.

Deux années plus tard, en 1966, elle publie un ensemble d'instructions et de dessins dans le volume Grapefruit, réédité de nombreuses fois depuis. Tout le monde peut se le procurer, réaliser les performances, et interpréter toutes les "partitions" : tout peut devenir de l'art (ou du non art), sans s'en réclamer. Et elle réalise encore des performances liées à ces actions, comme en 2010 au MoMa où elle a entre autres interprété une « partition » de 1961, Voice piece for Soprano :


Les indications originales, rédigées en 1961 :

Yoko Ono, Voice Piece for Soprano, 1961. Photographie ©Paysage de la Musique

Yoko Ono, Voice Piece for Soprano, 1961. Photographie ©Paysage de la Musique

Traduction personnelle : "PIECE VOCALE POUR SOPRANO

Crier. 1. Contre le vent, 2. Contre le mur; 3. Contre le ciel. Automne 1961"

Une interprétation, réalisée et filmée en 2010 :

Car pour Yoko Ono, même à 82 ans l'art se vit et s'expérimente ! C'est d'ailleurs le mot d'ordre de sa rétrospective lyonnaise : expérimentation et partage. Et son oeuvre est très loin de se limiter aux "instructions". Alors vous aussi, venez vivre l'art contemporain à Lyon et découvrir l'incroyable étendue de l'oeuvre de Yoko Ono !


1 Norbert Godon et Jacques Amblard pour le Centre Pompidou, en ligne ici.

Pour aller plus loin :

  • Présentation de la rétrospective par le MAC de Lyon, ici.

  • Interview de Yoko Ono en 2002, sur son travail et ses inspirations, en ligne ici.

  • Biographie de Yoko Ono, axée sur ses liens avec Fluxus, en ligne ici.

  • Extraits de son ouvrage "Grapefruit", publié en 1966 pour la première fois, en ligne ici.

  • Sur le travail et la vie de John Cage, voir ici.

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